Bonjour, cher voyageur en quête d’histoires abracadabrantes faisant vibrer les cœurs, que puis-je pour vous ?

Oh, malheureusement, je ne dispose plus de contes et de légendes, comme ce fut autrefois le cas. Vous savez, parfois, la simple vie d’un marchand peut receler bien plus d’aventures que n’importe quelle biographie d’un défaiseur de donjon ! Prenez par exemple… Ce jeune homme, assis à l’ombre, là-bas. Savez-vous de qui il s’agit ? Ahan, bien entendu que non ! Mais moi, je le connais. Et je peux même vous raconter quelques parcelles de son passé, si vous le souhaitez. Ne vous attendez point à des navires enflammés dansant avec la mort aqueuse ou encore des batailles surprenantes, il n’y aura rien de tout ceci. Ceci est l’histoire de Bambi Moringa.

L’histoire de mon fils.

Il naît de l’union d’un fin magicien de haut rang, Djali Moringa et d’une prostituée des bas-fonds, Baghera. La nature de notre rencontre n’est guère importante. L’amour fait parfois naitre des antithèses, comme ce fut le cas avec nous deux. Quoi qu’il en soit, il est surtout temps pour moi de ne plus m’impliquer dans cette narration.

Djali et Baghera donnent ensemble naissance, après un mariage de circonstance, à deux enfants. Des jumeaux. Sarabi et Bambi naissent en pleine santé et font le bonheur de leurs géniteurs, malgré les vingt heures de travail qu’il aura fallu à la mère pour les expulser de ses protectrices chairs. Le repos prit par la suite, la jeune accouchée de vingt-cinq ans peut enfin profiter de ses perles d’amour. Le garçon sera nommé Bambi et la fille Baghera, donc.

Ils grandissent vite et bien mais ne se ressemblent pourtant absolument pas. Des faux-jumeaux. Le jeune éphèbe avait pris le physique de sa mère tandis que la demoiselle, celui de son père. Une petite tête presque brune et l’autre argentée. Une splendide culture de la différence, très tôt déjà.

Le plus âgé, soit, Bambi, se découvre très tôt des talents rares pour la magie. Ses parents, installés dans la magnifique contrée de Sindria – ils avaient fui l’Empire de Reim pour pouvoir vivre librement ensemble, quelques années après la naissance de leurs bambins– virent cela comme un don du ciel. Il fut aussitôt envoyé en instruction avec les professeurs les plus adaptés de la petite île, vaillant et motivé pour s’améliorer toujours davantage.

A quinze ans, on l’envoie, sur recommandation spéciale, à Magnostadt, pour qu’il puisse suivre un bien meilleur cursus et encore voir son niveau évoluer toujours plus. Pourtant, il redouble plusieurs fois ses classes, volontairement. Il ne passe en section supérieure que lorsqu’il estime ses compétences suffisantes pour se faire. C’est un garçon un peu trop perfectionniste, mais qui veut surtout bien faire pour ne pas décevoir ses parents ; et avant tout, son père qui était lui aussi passé par les apprentissages de ce pays magique. Il se devait de lui faire honneur.

Son diplôme obtenu avec succès, il reparti peu de temps après la nomination de Titus Alexius en tant que meilleur élève de la promotion des jeunes apprentis. Il ne connut pas l’affrontement entre Reim et Magnostadt et ne fut mis au courant de l’entière situation qu’en posant pied à terre sur le territoire qui, à défaut de l’avoir vu naitre, l’avait accueillis lui et ses parents durant plusieurs années. Il regretta de ne pas avoir pu prêter main forte à ses camarades magiciens qui, bien que très endoctrinés – lui-même avait dû suivre le cours de la doctrine sans pourtant y accorder réelle importance puis que sa mère était et sera toujours une Goï – restait des compagnons d’armes.

Qu’à cela ne tienne, il profita avant tout de la présence des siens avant de se décidé quelques temps plus tard, à repartir faire le tour du monde, afin que sa magie servent aux nécessiteux. Il ne savait pas alors que cette décision allait influencer son destin bien plus qu’il ne l’aurait jamais pensé.

Mais après ces quelques mots, je ne puis malheureusement pas vous en dire davantage. Venez donc le découvrir par vous-même, suivez donc ses pas, si vous le voulez vraiment. Bambi n’est pas du genre à refuser un compagnon de route, bien au contraire !
Oh attendez un instant.

« Bambi chéri ! Viens donc embrasser ta mère avant de partir !  As-tu vu ta sœur ? »